Photo : Tommaso Tani
Le Festival international de journalisme et les membres et partenaires du Global Forum for Media Development appellent à soutenir activement les médias et les journalistes indépendants en Ukraine.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a souligné une fois de plus le rôle essentiel du journalisme indépendant et éthique pour aider les citoyens à prendre des décisions cruciales, informer le monde entier et demander des comptes aux puissants.
En tant que puissant antidote à la désinformation et à la propagande qui caractérisent la guerre hybride, et en tant que pilier de la démocratie dont dépendent les autres libertés et droits, le journalisme en Ukraine est constamment attaqué.
Le ciblage, la torture et le meurtre de journalistes sont odieux et doivent cesser. Les auteurs doivent être tenus pour responsables et traduits en justice en vertu du droit national et international. Les attaques malveillantes en ligne contre les médias et les journalistes doivent également cesser. Nous condamnons avec la plus grande fermeté les attaques de la Russie contre la liberté de la presse et la liberté d’expression en Ukraine.
La sûreté et la sécurité de tous les journalistes afin qu’ils puissent travailler librement sont essentielles pour que le monde comprenne la réalité et les événements de la guerre en cours, y compris ses conséquences humanitaires.
Nous sommes solidaires de tous les journalistes et médias indépendants qui couvrent l’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Plus la menace qui pèse sur la vie, les moyens de subsistance et la capacité des journalistes ukrainiens à faire leur travail est grande, plus nos efforts pour les soutenir seront importants. Financement, équipements de protection, matériel, logement, formation, bureaux à l’étranger et soutien psychosocial : nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour permettre à nos collègues ukrainiens de continuer à faire des reportages et à répondre aux besoins urgents de leur public.
Une opportunité pour le journalisme et les journalistes du monde entier
Dans les pays ayant accès à des sources d’information indépendantes, un public souvent critique reconnaît la bravoure, l’engagement et le professionnalisme des journalistes et des médias, tant ukrainiens qu’internationaux. Même les gouvernements hostiles aux médias libres et indépendants sont contraints de reconnaître le rôle vital du journalisme pour que le monde prenne conscience de l’invasion de l’Ukraine pour ce qu’elle est. Les entreprises technologiques se rendent également compte que toutes les informations ne sont pas égales et qu’il y a un impératif moral à accorder la place qui leur revient au journalisme professionnel, indépendant et d’intérêt public.
Cette reconnaissance naissante, nouvelle et ravivée de la valeur du journalisme parmi le public et les décideurs politiques est fragile. Une fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour les reporters ukrainiens et les journalistes internationaux qui couvrent l’Ukraine. Les plus grands progrès sont souvent réalisés en temps de crise. Nous ne pouvons pas, collectivement, nous permettre de la gâcher.
Dans l’intérêt de l’avenir immédiat et de la sécurité de nos collègues ukrainiens, ainsi que de la viabilité à long terme du journalisme indépendant et d’intérêt public partout dans le monde, c’est un moment que nous devons tous saisir.
Pour le bénéfice des médias et des journalistes du monde entier, nous :
- Insistons pour que les États et les groupes armés libèrent tous les journalistes emprisonnés et kidnappés, y compris ceux qui sont détenus ou condamnés sous couvert d’interdire la diffamation ou de lutter contre le terrorisme ;
- Reconnaissons que de nombreux conflits et crises n’ont parfois pas reçu la réponse solidaire, rapide et permanente que notre conscience collective exige ;
- Affirmons que les correspondants locaux sur le terrain sont des journalistes et non des « fixeurs » – leurs compétences linguistiques, leur compréhension culturelle et régionale et leurs solides réseaux de contacts sont essentiels au reportage international et méritent les mêmes droits, le même respect, le même soutien, la même sécurité sociale et la même reconnaissance que tous les journalistes couvrant des conflits ;
- Nous engageons à intensifier nos efforts pour soutenir les journalistes dans les zones de conflit, en exil et confrontés à des difficultés partout dans le monde, y compris les médias/journalistes indépendants de Biélorussie et de Russie qui ont été contraints de fuir leur pays ;
- Dénonçons la répression de la dissidence en Russie : les attaques contre la liberté de la presse et l’intimidation du journalisme indépendant contraignent au silence ou à l’exil les journalistes qui restent attachés à la vérité et à la liberté d’expression. Le peuple russe se voit refuser l’accès à la vérité.
Aux médias et journalistes internationaux, nous demandons :
- Dans la mesure où la loi le permet, de fournir les équipements de protection individuelle excédentaires aux organisations capables de les livrer en Ukraine ;
- D’attirer l’attention sur l’insécurité sociale des « fixeurs et traducteurs » ukrainiens qui aident les médias étrangers en leur offrant un salaire correct, une assurance et des garanties de sécurité supplémentaires ;
- Dans la mesure du possible, d’offrir une formation en matière de sécurité aux journalistes ukrainiens et à tous les journalistes, y compris les indépendants qui travaillent depuis l’Ukraine, et de « faire preuve du même souci envers le bien-être et la sécurité des indépendants, des journalistes locaux et des travailleurs des médias que pour leur propre personnel », notamment en fournissant les mêmes équipements de protection aux collègues ukrainiens qu’aux reporters internationaux ;
- D’ouvrir leurs portes aux journalistes et aux rédactions délocalisées. De leur offrir un endroit où ils peuvent travailler. De les embaucher lorsqu’ils en ont les moyens ;
- D’écouter les appels de leurs collègues ukrainiens à utiliser un langage approprié et précis dans leurs reportages sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, conformément aux normes éthiques du journalisme indépendant.
Aux donateurs privés et publics et aux bailleurs de fonds du journalisme professionnel, nous demandons :
- D’augmenter de toute urgence et de fournir un soutien financier flexible aux médias qui produisent un journalisme indépendant et éthique, afin de leur permettre d’embaucher ou de continuer à payer les reporters, rédacteurs et producteurs qui couvrent l’invasion de l’Ukraine par la Russie ;
- De ne pas oublier que le journalisme est un bien public lorsqu’ils le financent. C’est une fin en soi, un pilier de la démocratie dont dépendent de nombreux autres droits et libertés. Les bailleurs ne doivent pas porter atteinte à son indépendance en cherchant à l’instrumentaliser comme un outil de communication stratégique ou comme un moyen d’atteindre d’autres objectifs de développement. Il doit être traité avec le respect qu’il mérite et il est essentiel de suivre les meilleures pratiques et orientations bien établies en matière de soutien au journalisme ;
- De simplifier le processus de demande de financement dans les situations d’urgence : les formulaires de demande doivent être rédigés dans les langues locales et ne doivent pas demander un débit internet important en exigeant le téléchargement de nombreux fichiers ;
- De veiller à ce que les médias et le journalisme soient inclus dans tous les mécanismes de coordination de l’aide ;
- De fournir un soutien non seulement aux médias, mais aussi aux journalistes individuels et aux freelances d’Ukraine, ainsi que par le biais de mécanismes de bourses ou de projets de production de contenu ;
- D’envisager de fournir non seulement un soutien financier, mais aussi un soutien méthodologique et technique. Il peut s’agir de la fourniture d’équipements pour les rédacteurs concernés, de formations ou de la publication de matériel méthodologique.
À l’UE, aux États membres de l’UE, aux membres de la Coalition pour la liberté des médias et à tous les États qui se soucient du droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, nous demandons de :
- Fournir des visas d’urgence et des refuges aux journalistes ukrainiens, ainsi qu’aux journalistes indépendants de Biélorussie et de Russie, afin qu’ils puissent rétablir leurs bases et poursuivre leur travail ;
- Condamner et s’opposer à la tendance à la criminalisation du journalisme, signe d’un autoritarisme croissant dans de nombreuses régions du monde. Le journalisme n’est pas un crime ;
- Utiliser tous les forums multilatéraux pour défendre les droits des journalistes et promouvoir leur protection en tant que civils en vertu du droit humanitaire international, en particulier dans le contexte de la guerre de la Russie contre l’Ukraine ;
- Contribuer à tous les efforts visant à enquêter et à traduire en justice les cas de journalistes pris pour cible dans cette guerre.
Aux entreprises de la technologie, des télécoms, d’internet et aux annonceurs, nous demandons de :
- Travailler avec la communauté des médias et du journalisme pour identifier, protéger et renforcer le journalisme indépendant et éthique, la vérification des faits et les efforts de formation et d’éducation aux médias ;
- D’empêcher la dépublication automatisée de contenus journalistiques contenant les preuves de crimes d’agression internationale, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’autres violations graves des droits humains. Les journalistes, les fact-checkers, les reporters d’investigation et les autres parties prenantes doivent pouvoir accéder à ces documents afin de pouvoir demander des comptes aux auteurs de ces crimes et mettre fin à l’impunité. Nous leur demandons également de renforcer les procédures de transparence et de notification, accélérer les recours et les compensations ;
- D’inverser les incitations commerciales – à la fois par le biais des algorithmes et des politiques de modération du contenu – qui s’avèrent discriminatoires à l’égard de la capacité du journalisme d’intérêt public à atteindre des audiences et à monétiser un contenu de qualité ;
- De travailler avec les annonceurs pour mettre fin à l’utilisation de la technologie du blacklisting afin d’empêcher que les publicités apparaissent à côté des contenus journalistiques et d’information qui mentionnent des conflits comme l’agression de la Russie contre l’Ukraine, la pandémie de COVID-19 et d’autres questions sanitaires et sociaux importants ;
- D’assurer l’accessibilité à internet pour tous : donner la priorité au maintien de l’accessibilité et de la connectivité à internet, et promouvoir le droit d’accès à l’information.
Nous restons solidaires des journalistes du monde entier qui travaillent dans des zones de conflit ou dans lesquelles la liberté d’expression est limitée, afin de fournir des informations fiables dans l’intérêt du public.
Signataires (organisations) :
- ACOS Alliance
- Afghanistan Journalists Center (AFJC)
- Albanian Media Institute
- ARTICLE 19
- Associação Brasileira de Jornalismo Investigativo (Abraji)
- Association des Journalistes Européens (AJE)
- BaleBengong (Indonesia)
- Bangladesh NGOs Network for Radio and Communication
- BBC Media Action
- BMTF
- Border Center for Journalists and Bloggers
- Canadian Journalism Forum on Violence and Trauma
- Canadian Journalism Foundation (CJF)
- CFI Medias
- Centre for Investigative Journalism (CIJ)
- Centre for Law and Democracy (CLD)
- Committee to Protect Journalists (CPJ)
- Community Media Solutions (CMS)
- Daraj Media
- Dart Center for Journalism and Trauma
- Detector Media, Ukraine
- Digital Content Next
- DW Akademie
- elDiario.es
- Ethical Journalism Network (EJN)
- European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF)
- European Federation of Journalists (EFJ)
- European Journalism Centre (EJC)
- Fathm
- Finnish Foundation for Media and Development (Vikes)
- Free Press Unlimited (FPU)
- Fojo Media Institute
- Fundación Gabo
- Fondation Hirondelle
- Foundation “Souspilnist”, Ukraine
- Global Forum for Media Development (GFMD)
- Global Investigative Journalism Network (GIJN)
- IFEX
- Independent Journalism Center, Moldova
- Independent Media Trade Union of Ukraine
- Institute of Mass Information, Ukraine
- Institute for Regional Media and Information (IRMI, Ukraine)
- International Academy Serbia
- International Center for Journalists
- International Consortium of Investigative Journalists
- International Institute – International Media Center
- International Media Support (IMS)
- International Press Institute (IPI)
- Internews
- Internews Ukraine
- International Fact-Checking Network (IFCN)
- Jnomics Media
- Lviv Media Forum
- Maharat Foundation
- Magdalene
- Media Association for Peace (MAP)
- Media Development Investment Fund
- Media Diversity Institute (MDI)
- Media Impact Funders
- Media Institute of Southern Africa (MISA)
- Mediastandard.ro
- Namibia Media Trust (NMT)
- National Union of Journalists of Ukraine (NUJU)
- New Narratives
- One World Media
- Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP)
- Pakistan Press Foundation (PPF)
- Panos Institute Southern Africa (PSAf)
- Paper Trail Media
- Public Interest Journalism Lab
- Public Interest News Foundation
- Public Media Alliance (PMA)
- Pulitzer Center
- Radio Ambulante Studios
- Radio Bullets
- Reporters Without Borders (RSF)
- RIA Media Corporation (Ukraine)
- Samir Kassir Foundation – SKeyes Center for Media and Cultural Freedom
- South East Europe Media Organisation (SEEMO)
- SyriaUntold
- THE CITY
- The Fix Media
- The Frontline Club (The Frontline Club Charitable Trust)
- The Ukrainians Media
- The VII Foundation
- The University of Georgia
- Thomson Foundation
- Transitions
- Vasyl Stefanyk Precarpathian National University, Journalism Department
- Voxeurop
- Will Media
- World Association of News Publishers (WAN-IFRA)
- World Editors Forum
- The University of Georgia
- Union of Journalists in Finland
- Independent Media Council
Ajoutez votre organisation en tant que signataire de la déclaration en utilisant ce court formulaire d’inscription.
Signataires individuels (intervenants, participants et amis du Festival international de journalisme) :
- Ahmad Quraishi, Executive Director, Afghanistan Journalists Center (AFJC)
- Alessandro Tommasi, Co-founder and CEO, Will Media
- Andrii Beliakov, Website Owner, Journalist, Bucha.city
- Angelina Fusco, Chair Dart Centre Europe
- Anna Masera, Vice Director, Giornale di Brescia
- Antonina Cherevko, Head of the Independent Media Council, Ukraine
- Anya Schiffrin, Senior Lecturer, Columbia University’s School of International and Public Affairs
- Artem Liss, Flying Fox Media Ltd.
- Astrid Maier, Chief Editor, XING
- Baybars Orsek, Director, International Fact-Checking Network (IFCN)
- Benedetta Tobagi, Writer and Researcher
- Bruce Shapiro, Executive Director, Dart Center for Journalism and Trauma and Adjunct Professor of Journalism, Columbia Journalism School
- Caroline Nursey OBE, Chief Executive Officer, BBC Media Action
- Charlie Beckett, Director, Polis, LSE
- Cherilyn Ireton, Executive Director, World Editors Forum, WAN-IFRA
- Courtney Radsch, Tech and media policy expert
- Daniela Pinheiro, Columnist, UOL
- Dmytro Tuzov, host “Radio NV”
- Fergus Bell, CEO, Fathm
- Floriana Bulfon, Freelance Journalist
- Francesca Milano,Chora Media
- Francesco Filippi, Historian, Fondazione Museo Storico del Trentino
- Francesco Zaffarano, Editor-in-chief, Will Media
- François Nel, Reader in Media Innovation, University of Central Lancashire
- Gian-Paolo Accardo, Voxeurop
- Giulia Blasi, Freelance writer
- Gypsy Guillén Kaiser, Advocacy and Communications Director, Committee to Protect Journalists (CPJ)
- Ilie Pintea, War Correspondent, Radio România Actualități
- India Bouquerel, Editor-in-chief, Live Magazine
- Isabelle Roughol, Founder, Borderline
- Jakub Parusinski, Editor, The Fix Media
- Jeremy Druker, Executive Director and Editor in Chief, Transitions
- Jorge Luis Sierra, President, Border Center for Journalists and Bloggers
- Juleyka Lantigua, Founder/CEO, LWC Studios
- Dr Julie Posetti, Global Director of Research, ICFJ
- Lars Tallert, Head of Policy, Fojo Media Institute
- Leli Bibilashvili, Associate Dean, The University of Georgia
- Kathy English, Chair of Board, Canadian Journalism Foundation
- Kristian Porter, CEO, Public Media Alliance (PMA)
- Marina Constantinoiu, Project Coordinator, EditiaDeDeminieata.ro
- Marina Walker Guevara, Pulitzer Center
- Mary Myers, independent researcher and media consultant
- Mae Azango, New Narratives and Front Page Africa
- Marcelo Rech, Journalist, President, Brazilian Newspaper Association (ANJI)
- Maria Toghina, Journalist, Radio Romania
- Marius Dragomir, Director, Center for Media, Data & Society (CMDS)
- Mattia Cursi, Cameraman, Vudio
- Melanie Walker, Executive Director, Media Development, WAN-IFRA
- Milica Pesic (MDI)
- Mira Milosevic, Executive Director, Global Forum for Media Development (GFMD)
- Natalia Antelava, Editor in Chief, Coda Media
- Nataliya Gumenyuk, CEO, Public Interest Journalism Lab
- Nataliya Marchuk, Assistant Professor, Vasyl Stefanyk Precarpathian National University, Journalism Department
- Natia Kaladze, Dean, The University of Georgia
- Olga Myrovych, Head, Lviv Media Forum
- Owais Aslam Ali (Pakistan Press Foundation)
- Paul Nemitz, Principal Advisor, EU Commission
- Prue Clarke, Director, New Narratives
- Rebecca Harms,Vice Chair, ECPMF
- Sergio Caringi, Director, Meeting with the International Press in Brazil
- Sophie Brown, Media consultant, Independent
- Steve Buckley, Community Media Solutions (CMS)
- Taras Prokopyshyn, CEO and Co-Founder, The Ukrainians Media
- Tom Law, Head of Policy and Learning, GFMD
- Tom Trewinnard, COO, Fathm
- Victoria Bridges, Director, One World Media
- Vincent Peyrègne, Chief Executive Officer, WAN-IFRA
- Virginia Stagni, Head of Business Development, Financial Times
- Vusumuzi Sifile, Executive Director, Panos Institute Southern Africa
- Yazan Badran, Visiting professor, postdoctoral researcher, Vrije Universiteit Brussel
- Zakhar Protsiuk, The Fix Media
- Zoé Protsiuk, Director, The Fix Media
- Zoe Titus, Director, Namibia Media Trust